une fois de plus, que l'Ecosse était le plus beau pays du monde et qu'il fallait toute la mauvaise foi des étrangers pour n'en point convenir.
Gowan Ross ouvrit le panier et déballa les provisions. D'abord une omelette à la confiture sur une assiette en carton ornée de myosotis, une salade de carottes crues en hors-d'œuvre, et, comme plat de résistance, un mealee pudding froid qui eût fait reculer d'épouvante n'importe quel être humain né au sud des Cheviot Hills. Seuls, en effet, des estomacs écossais parviennent à digérer sans trop de difficulté ce magma de tripes et de farine d'avoine. Enfin, une bouteille de scotch complétait cet en-cas. Imogène et son compagnon commencèrent par boire une goutte de whisky à la gloire de 'Ecosse, puis une autre en l'honneur de l'amitié, une autre encore à la confusion des ennemis de miss McCarthery. Sur ce rocher, que caressait le vent de la lande traînant avec fui l'odeur des bruyères, le couple se prenait un peu pour Adam et Eve avant la fermeture du paradis terrestre. C'est alors que Ross prit son courage à deux mains et lança :
— Me permettez-vous, chère Imogène, de vous confier que je me sens particulièrement bien en votre compagnie ?
— J'en suis âattée, Gowan...
— Et que... que... enfin, je souhaiterais que... vous ne me quittiez plus ?
Miss McCartnery eut un rire de gorge où l'on pouvait discerner tout ensemble la tendresse d'un roucoulement et la gaieté d'une affectueuse moquerie.
— Dois-je entendre, Gowan, que vous êtes en train de me demander de devenir votre femme ?
— C'est mon vœu le plus cher !
— Je pense que nous pouvons être heureux ensemble.
— Oh ! oh ! chère Imogène !
Pareil à un jouvenceau, Ross sauta sur la main de son amie et la couvrit de baisers. Imogène avait envie de rire et de pleurer. En même temps, une bouffée d'orgueil la soulevait : personne ne s'était fiancé d'une manière aussi romantique sur ce rocher